personnellement, je trouve que l’adage est assez… osé ; non, carrément : déplacé.
« les français sont moyens en tout, et bons en rien ». Passons le coté un peu dégradant de la chose, j’admet que tout un chacun n’est pas forcément sensiblement respectueux envers son prochain, mais concentrons nous sur le reste de la phrase :
« être moyen en tout, mais bon en rien. » <== pas mal non?
Je dirais même que c’est le reflet de notre belle France, que j’explique par deux raisons bien particulières :
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se spécialiser, mais à quel prix, et surtout pour combien de temps?
Les experts d’hier ne sont ni ceux d’aujourd’hui, ni de demain ; les technologies, informatisées et non informatisées, changent à une vitesse grandissante : transports, énergie, communication… il est totallement impossible de réaliser sa carrière (40 ans!) sur une seule techno que l’on maitrise, mais bien au contraire : plusieurs technos que l’on apprends.
Il y a vingt ans, les technos utilisées ne sont plus du tout celles utilisées aujourd’hui. Pareil pour les progiciels : SAP, SAGE, salesforces et tout ce qui s’en suit : qui s’en servira encore dans dix ou vingt ans? le monde évolue beaucoup trop vite pour qu’elles ne soient pas complètement évoluée, révolutionnées, à en croire que seuls les inventeurs du dit logiciels pourraient « « approximativement » » suivre l’évolution élément par élément.
C’est d’ailleurs le reproche que beaucoup d’ingénieurs faisaient au milieu des années 2000 au Big Redmond (microsoft) : même leurs développeurs, en interne, se plaignaient de ne pas comprendre ce qui avait été programmé par leurs prédécesseurs sur les logiciels réalisés !
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Au contraire : soyons moyens en tout, soyons bons pour… adaptons nous !
C’est ce que nos enseignants en RH nous martèlent à longueur de journée : les compétences transversales : gestion (management) de l’opérationnel, et surtout adaptation. Nul n’a d’intérêt à être expert en une seule science si c’est pour se retrouver démuni devant les autres disciplines !
L’adaptation est la clé maitresse pour les nouveaux usages, selon ce qui est appris en entreprise, en France. Et l’expertise, n’est qu’éphémère ; expliquons le par un adage d’un gradé de l’armée française :
«Notre armée possède de très bons équipements, mais pour chacun d’entre eux, à une quantité échantillonesque.»
Ce qui permet à la fois d’apprendre sur de nombreux segments et usages, mais surtout d’apprendre à s’adapter à chaque appareil et à ses spécificités. L’adaptation n’est elle pas la clé maitresse aux nombreux apprentissages de demain?
À vouloir être spécialistes en tout, c’est également à s’engouffrer dans le « « projet professionnel » », forme de tunnel qui vous lie(…gotte?) à uen voie tracée, sans la possibilité d’en changer facilement : une discipline peut vous ennuyer, voire vous dégouter (ou simplement décevoir) d’un métier, et la facilité d’en changer est un atout indéniable. Combien de reconversions en France chaque année?
L’envie de voir autre chose, au bout de quelques années, est naturellement vectrice de variation, de diversité dans l’activité : vendre une même expertise pendant vingt ans doit être sacrément synonyme d’œillères…
Passer des dizaines de milliers d’heures à étudier une spécialité de niche peut aussi être dangereux, car il suffit qu’elle n’intéresse plus personne, ou qu’elle évolue bien trop vite, et c’est le drame ; ou encore qu’elle attire trop de monde en quelques années, et c’est comme de nombreuses professions spécialisées, en Suisse, au Canada, ou d’autres pays riches, ou quasiment toutes les spécialités sont complètement saturées sur le marché du travail.
Et c’est pas comme si l’intelligence artificielle avait prévu de nous aider…