Frontière autoroutière de Saint-Louis. En semaine, en milieu de matinée, le trafic est peu dense. Mais les frontaliers travaillent. Et ils sont beaucoup plus nombreux aux heures de pointe. Certains se plaignent de devoir patienter trop longtemps à la frontière, où les contrôles, dans les deux sens, sont beaucoup plus stricts depuis le début du confinement.
Ainsi de M. F., qui habite le Sundgau, dans un courriel. « La journée, ils sont présents à trois et n’ouvrent qu’une voie, passent un temps fou à contrôler chaque véhicule, ce qui engendre un bouchon. À quoi ça sert, ces contrôles quand les travailleurs veulent rentrer chez eux ? » Et d’arguer que cela va mieux en sens inverse, parce que les gardes-frontières suisses ouvriraient plus de files.
Autre témoignage, celui de J.-M. ., qui dénonce « le manque d’efficacité dont font preuve les douaniers français par rapport aux suisses (nombre et méthodologie) ». Il parle d’un « harcèlement documentaire », « pire pour ceux qui roulent avec des véhicules de fonction en toute légalité ».
Côté contrôles français
Côté contrôles français, douaniers et policiers de la PAF (police aux frontières) se partagent les rôles à la B8 – pour « borne frontière 8 », par rapport au Rhin à Huningue, c’est-à-dire la douane autoroutière. « Les gens confondent souvent PAF et douanes », rappelle Paolo Tomasino, chef du Pôle action économique à la direction régionale des douanes. Les douanes, c’est essentiellement les marchandises. La PAF, le contrôle des personnes. Exemple cité par un agent des douanes : « Un automobiliste m’a reproché une amende de 135 euros… Mais ces amendes ne sont pas de notre compétence ! »
Améliorations au fil des semaines
Cela dit, les choses se sont améliorées au fil des semaines, pour Paolo Tomasino. « Aujourd’hui, les gens ont presque toujours les papiers nécessaires. Et les préparent à l’avance. Papiers d’identité, attestation de l’employeur et attestation de déplacement international ». Et dans leur voiture, ils anticipent, en préparant les documents, ce qui accélère les contrôles. « Qui sont aussi pointilleux côté suisse que français », affirme-t-il. Ils étaient assurés, lors de notre visite, par une équipe de douaniers dûment équipée de masques.
Malgré les efforts, l’afflux de camions sur le parking TIR peut à tout moment engendrer des bouchons, du pont d’accès, jusqu’à l’A35. Photo L’Alsace /Jean-Christophe MEYER
Qui entre en France ? « Non seulement les frontaliers, mais aussi, en théorie, tout personne qui a sa résidence principale en France… Ou encore des travailleurs en transit pour rentrer dans leur pays de résidence. » Un Belge et un Anglais ce matin-là, par exemple. Les douaniers qui font les contrôles connaissent, à force, certains visages, comme ce chauffeur de taxi avec qui ils échangent quelques mots, la file étant inexistante à ce moment-là.
Celui qui ne passe pas, par contre, c’est ce chauffeur routier qui s’est aventuré au volant de son poids lourd. « Souvent, une erreur du GPS », commentent les douaniers. Ils guident l’égaré dans l’autre sens, pour qu’il puisse retrouver le parking TIR , prévu pour le dédouanement des poids lourds – et par lequel ils passent tous. Avant de se concentrer, à nouveau, sur le maigre flux de véhicules légers – pour l’essentiel, en cette fin de matinée, des frontaliers qui rentrent de leur travail.